Le filet d'Anouilh

Publié le par LPR

Je viens de terminer de lire "Les Poissons Rouges" d'Anouilh et je ne vous en proposerai pas une fiche de lecture mais seulement le bout de fiet que j'ai attrapé :

Le filet d’Anouilh

 

Les Poissons Rouges ou « mon père, ce héros », Jean Anouilh, La Table Ronde, 1970

 

1)PERSONNAGE(S) et THEMES pour l’histoire :

 

Antoine : le personnage principal est un auteur dramatique (à succès) mais c’est aussi un bourgeois :

D’où son amitié-haine avec La Surette : le prolo (le peuple laborieux)

C’est aussi un homme qui aime bien les jeunes premières :

D’où la dénonciation de la « double prostitution » de ces dernières.

C’est aussi un père : idée du mariage dont :  « Je crois à l’indissolubilité du mariage : c’est la seule garantie qu’on ait, de ne pas faire l’imbécile deux fois. », filiation et transmission au fils lors de la dernière scène.

 

On retrouve donc des thèmes chers à Anouilh :

D’abord, il y a plusieurs scènes rétrospectives qui se passent en 1944 : d’où les allusions à la Deuxième Guerre Mondiale, au nazisme.

Ensuite, allusion récurrente à la liberté de l’homme, individualité :

L’homme agit ainsi parce qu’il en a envie !

D’où sa définition du gentilhomme : « Un gentilhomme doit toujours se laisser un peu rouler. Jusqu’à l’honneur de l’homme mais pas plus loin. »

« Est-ce qu’on ne peut pas laisser les hommes […] tâtonner comme ils l’ont toujours fait, avec plus ou moins de bonheur, pour gagner leur vie, leur liberté ou leur amour, à leur façon ? » (Antoine)

(plus loin, réponse du médecin) : « L’homme a pris conscience d’être concerné, en tant qu’individu… »

(Antoine) « Vous croyez que c’est la possession illusoire d’un bulletin de vote ou d’un poste de télévision qui le rend un individu ? On est en train de l’émasculer, monsieur, votre homme ! »

Enfin, ses souvenirs qui remontent puis qui petit à petit l’envahissent.

A la fin, il ne sait plus s’il vit en 1960 ou en 1944.

Sa « vie intérieure » déborde sur sa vie.

           

            Des symboles importants :

Ainsi, les poissons rouges (titre de la pièce quand même) représentent la liberté et l’homme dans toute son individualité :

(Antoine) « Les poissons rouges de la liberté humaine ».

Gros fardeau sur les épaules ! et belle synchronisation avec notre nom, non ?

Pas mal pour des petites bêtes qui tournent en rond dans leur bocal !

C’est peut-être pour ça qu’on a renversé l’eau du bocal !

 

2) LE TISSAGE (du filet) ou comment Anouilh tisse les thèmes tout en gardant une cohérence :

            - jeu sur la chronologie : par exemple, deux personnages fantômes qui permettent aux spectateurs de comprendre que l’auteur est dans sa tête et que son enfance influence son présent. Mais ce basculement est de plus en plus léger, à la fin, une scène commence en 1944 pour se terminer en 1960 et même Antoine ne sait plus à quelle époque il vit !

            - jeu de lumières et de noirs.

- du figuré au propre dans le langage : en particulier lorsque Antoine veut parler d’ « esprits tordus » avec un bossu et que celui-ci prend aussitôt la mouche car s’il n’a pas l’esprit tordu, il est tordu !

- Dernière scène de la pièce qui donne une nouvelle image de l’ensemble de la pièce !

Exactement ce que tu nous as proposé Fréda : « Trop forte ! »

Cette dernière scène est aussi une conclusion et elle précise le fil conducteur : la filiation et la transmission.

J'espère que ces quelques mailles pourront nous aider, peut-être pas à regagner le bocal, mais les planches pour nous présenter et nous représenter!
(Joana)

 

 

Publié dans Ficelles

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